CIRCE
(Centre interdisciplinaire de recherche sur la culture des échanges)
EA 3979 – LECEMO
en collaboration avec la revue
Historia Magistra (Turin)
Comité d’organisation: Maria Pia De Paulis, Angelo d’Orsi, Francesca Belviso
Comité scientifique: Francesca Belviso (Université d’Amiens-Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Manuela Bertone (Université de Nice Sophia Antipolis), Maria Pia De Paulis (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Patrizia Dogliani (Université de Bologne), Angelo d’Orsi (Université de Turin), Nicola Labanca (Université de Sienne), Stefano Magni (Université Aix Marseille), Barbara Meazzi (Université de Nice Sophia Antipolis), Christophe Mileschi (Université de Nanterre), Christophe Prochasson (EHESS), Fulvio Senardi (Istituto Giuliano di Storia Cultura e Documentazione di Trieste e Gorizia)
APPEL À COMMUNICATIONS
Ce colloque est organisé dans le cadre du projet interuniversitaire Les Italiens et la Grande Guerre 1915-1918 / 2015-2018, qui a réuni Aix-Marseille Université, l’Université Nice Sophia Antipolis et l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Après les deux premières rencontres – De la guerre des idées à la guerre des hommes, organisé à Aix Marseille Université du 12 au 14 novembre 2015, et L’Autre front / Il fronte interno : le conflit sans combats dans les villes italiennes de l’arrière, organisé à l’Université Nice Sophia Antipolis les 24 et 25 novembre 2016 –, la troisième rencontre, qui portera le titre 1918-2018 : cent ans de la Grande Guerre en Italie, aura lieu à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 les 8 et 9 novembre 2018. Ce colloque entend s’interroger sur l’héritage du premier conflit mondial – entre relectures, réécritures et imaginaires – dans l’histoire, la littérature et les arts italiens des XXe et XXIe siècles.
Une bibliographie historique longue de cent ans a imposé la vulgate d’une guerre perçue comme une « fracture d’époque », (frattura epocale, Mario Isnenghi), considérée comme la « plus grande erreur de l’histoire moderne » (più grande errore della storia moderna, Niall Ferguson) et « l’apocalypse de la modernité » (l’apocalisse della modernità, Emilio Gentile). Entre choix “nécessaire” (selon la propagande des interventionnistes) et sacrifice aussi héroïque qu’inutile de millions de vies humaines, le conflit de 1915-1918 est devenu partie intégrante d’une mémoire collective construite au cours des cent ans qui séparent le temps présent de ce moment fondateur de l’histoire italienne et européenne.
Le colloque international 1918-2018 : cent ans de la Grande Guerre en Italie, porté par le Centre interdisciplinaire de recherche sur la culture des échanges (CIRCE) de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 avec la collaboration de la revue d’histoire critique HISTORIA MAGISTRA (Turin), voudrait replacer dans une perspective historique les recherches sur la Grande Guerre, se focalisant sur la perception/reconstruction de l’événement, sur ses relectures et/ou réécritures soumises parfois au fil des décennies aux impératifs de l’histoire, de la politique et de la société italienne. Le travail de la mémoire confié aux témoignages des écrivains-soldats ou aux créations imaginaires – de la riche production artistique (théâtre, cinéma, documentaire) aux productions interactives issues de l’éclosion d’internet – sera l’un des points forts d’une manifestation qui veut être un moment de réflexion dans une optique pluridisciplinaire et interdisciplinaire.
Plusieurs axes pourront être pris en compte.
Sur le plan historique, il faudra, d’un côté, poser la question de l’usage/héritage du mythe de la Grande Guerre durant le fascisme ; de l’autre, étudier la mémoire et/ou la manipulation que ce dernier a mise(s) en œuvre dans les grands journaux (par exemple Il Popolo d’Italia, Corriere della Sera) au fil des décennies et en particulier lors des anniversaires des moments cruciaux de la Grande Guerre (mai 1915, Caporetto, victoire et armistice) ou des dates importantes du régime fasciste (les fêtes décennales, la création de l’Empire). Il faudra aussi s’interroger sur la perception de la Grande Guerre durant la Seconde guerre mondiale, la Résistance, les années du terrorisme et celles, plus récentes, qui ont vu se multiplier les célébrations du centenaire. Existe- il un lien entre ces moments de l’histoire italienne des XXe et XXIe siècles et la Grande Guerre ? Quel a été son rôle dans la construction de l’identité nationale et de l’Etat ? Comment lire, depuis la fin du conflit jusqu’à nos jours, le lien entre historiographie et « politique de la mémoire » ? Les musées, les « sacrari » sont devenus les lieux de la mémoire collective qui soulèvent des doutes quant au devoir de mémoire et à la connaissance de l’histoire.
Sur le plan culturel, littéraire et artistique, les témoignages et les réécritures invitent à réfléchir sur les formes choisies pour reconstruire le trauma et sur le sens qu’elles véhiculent : par exemple, mémoires, romans, écritures hybrides, arts visuels et arts du spectacle (cinéma, bandes dessinées, théâtre). Il sera opportun de s’interroger sur les genres linguistiques et iconiques, les types de discours, les registres par lesquels on représente une expérience qui a modifié les paramètres mentaux et la perception de soi et du monde. Quels imaginaires véhiculent les écritures mentionnées et comment font-elles revivre la guerre, malgré la distance qui existe souvent entre l’acte d’écriture et le vécu ? Il semble pertinent de mesurer l’impact que la guerre a eu sur la littérature et les arts dans des périodes historiques qui ont vu l’éclosion de formes variées pour redire, relire la Grande Guerre. Nombreux sont les récits écrits dans les années 1920: tantôt pour exalter sa portée exceptionnelle, tantôt pour en dénoncer la dimension traumatique. Des décennies après, les écrivains reviennent sur l’expérience du front oscillant entre la conviction d’avoir participé à un moment de gloire et la conscience d’avoir vu s’écrouler un rêve collectif. Le colloque voudrait faire une place importante aux différentes formes artistiques apparues entre le XXe et le XXIe siècle : à l’occasion du centenaire de la guerre, tous les arts ont contribué à la réécriture et à la diffusion pédagogique d’un événement qui s’est révélé fondamental pour la formation de l’identité nationale. Avec ce colloque on voudrait que toutes ces formes soient étudiées afin de comprendre si et dans quelle mesure la guerre a modifié la conscience des intellectuels et des artistes ainsi que leur façon de concevoir la création.
Les propositions de communication (en français ou en italien, avec titre et résumé de 2000 signes environ), accompagnées d’un court CV, sont à adresser au plus tard le 20 juin 2018 à :
Maria Pia De Paulis: maria-pia.dalembert@univ-paris3.fr
Angelo d’Orsi: angelo.dorsi@unito.it
Francesca Belviso: francebelviso@hotmail.com
Scarica il Call for Papers in francese e italiano Appel à communications Grande Guerra.